Dans son communiqué du mois d’août dernier, le Ministère de la sécurité et de l’ordre public avait promis que les «agents de la force publique, présumés auteurs et/ou complices des faits décriés, subiront les sanctions prévues par la loi au cas où leur culpabilité serait établie». Comme l’enquête précédente ne portait que sur le braquage dont la femme d’affaires, Mère Alice, était victime dans la nuit du 8 au 9 août dernier, à son domicile, le ministre de la sécurité et de l’ordre public, Raymond Zéphirin Mboulou, a demandé que cette enquête soit élargie aux officiers de police cités dans la première enquête. Cette deuxième enquête est menée par l’Inspection générale de police et ses conclusions auront une suite judiciaire.

Le ministre de la sécurité et de l’ordre public n’a pas voulu se contenter de la cérémonie de présentation d’un échantillon de présumés bébés noirs, organisée mercredi 31 août dernier par la gendarmerie et la police, à l’esplanade du Stade Alphonse Massamba-Débat. D’autant plus que cette cérémonie paraît, aux yeux de l’opinion nationale, comme un moyen de dissimuler le véritable problème que représente la connexion de certains policiers avec des braqueurs.
Les vidéos de l’enquête sur le braquage de Mère Alice rapportent que des agents de police sont cités comme complices dans certains braquages opérés à Brazzaville, notamment le vol à mains armées dont le pasteur Yves Castanou a été victime et celui perpétré contre le magasin Burotop. Plus que de la complicité, il apparaît clairement l’existence de connexions maffieuses entre des jeunes sous-officiers et officiers, anciens miliciens cobras ou ninjas, recrutés dans la force publique et ayant accédé à des postes de responsabilité de chefs de poste, commissaires ou commandants d’unités opérationnelles.
Ces braquages ou vol à mains armées sont le résultat d’un travail minutieux de renseignements sur les futures victimes; un travail de renseignements qui se fait entre policiers maffieux et braqueurs. Quand on prend les trois victimes de vol à mains armées, Mère Alice, Yves Castanou et Burotop, elles sont liées à des milieux du pouvoir. Mère Alice est une femme d’affaires, amie de Claudia Sassou-Nguesso, la fille du Chef de l’Etat; Yves Castanou est un pasteur qui a ses entrées auprès du couple présidentiel et Burotop est une société créée par des Libanais qui ont de solides relations avec des membres du gouvernement, ce qui leur garantit des marchés publics. Ils ont tous été victimes de braquages ou vol à mains armées, perpétrés avec la complicité policière. On cite notamment l’adjudant-chef Alain Kanga, alias Alino, et le capitaine Romuald Manounou, alias Morgane, commandant du G.r.b (Groupe de répression du banditisme), démis de ses fonctions non sans raison, et qui est interpellé dans le cadre de la deuxième enquête. Mais, sont-ils les seuls policiers impliqués?
Le défi pour le Ministère de la sécurité et de l’ordre public, c’est d’aseptiser la police congolaise des agents maffieux qui ternissent son image. Ces officiers qui luttent contre la criminalité par la criminalité ou des abus d’autorité au profit de leurs intérêts! Ils ravissent les biens (véhicules, vêtements, téléphones portables, appareils électro-ménagers, maisons…) des personnes arrêtées, se partagent les butins de vols, au mépris de la loi et de l’éthique de leur profession.
Il ne s’agit pas de règlement de comptes ni d’humiliation de qui que ce soit. Il s’agit des questions de droit et d’éthique professionnelle, trop longtemps sacrifiées à l’autel des intérêts maffieux. Le commandement des forces de police gagnerait en estime à travailler dans ce sens, pour redorer le blason d’une police congolaise qu’on veut au service de la République et de ses citoyens, suivant la volonté maintes fois exprimées, depuis la fin de la guerre de 1997, par le Président de la République.
Les affaires qui ont éclaté au grand jour, sur les braquages commis avec la complicité policière, créent les conditions d’un renouveau de la police congolaise, pour peu que les autorités nationales entendent les cris de douleur de leurs concitoyens, dont Mère Alice est devenue le triste symbole. Notre police a des officiers bien formés, intègres, professionnels et expérimentés, qui ne demandent qu’à être responsabilisés, comme certains le sont. Du fond de leur cœur, ils sont meurtris de voir leur corporation être ainsi traînée dans la boue. Pour lui permettre de remonter, il faut quitter le terrain du clanisme, du sectarisme et du fanatisme, pour ouvrir la voie au loyalisme et au professionnalisme.

Jean-Clotaire DIATOU

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