L’anniversaire de l’indépendance nationale donne lieu, le 15 août de chaque année, à des commémorations à travers le pays et dans les représentations diplomatiques. Dans le Département de la Cuvette, le 62ème anniversaire de l’indépendance nationale a été célébré à Makoua. A cette occasion, un discours d’évocation a été prononcé par le directeur de cabinet du préfet de la Cuvette. Nous reprenons ci-après, une première partie de cette importante évocation de l’histoire de notre pays, sur l’indépendance du Congo. Extrait!

La date du 15 août est d’autant plus symbolique qu’elle nous renvoie inexorablement aux premières déclarations du Président Fulbert Youlou, s’adressant à ses compatriotes en ce termes, je cite: «Il est bien vrai que nous vivons un jour faste… Mais, cette journée doit être aussi un moment de réflexion, car elle marque une étape essentielle de la vie de notre Etat».

Jean-Luc Mabiala Tchibinda.
Jean-Luc Mabiala Tchibinda.

Oui, l’accession à l’indépendance n’est pas synonyme d’édification de l’Etat si l’on en croit André Malraux qui le dit avec une certaine conviction: «La France vous lègue des organisations économiques, administratives, financières, mais s’il n’y a pas d’Etat, de telles organisations ne suffisent pas à faire un Etat».
Contrairement aux précédentes évocations commémoratives organisées habituellement à l’hôtel de la préfecture à Owando et celle du 28 novembre 2021 à Boundji, celle de Makoua nous permettra de nous focaliser sur les fondamentaux des attributs de l’Etat, héritages du Moyen-Congo qui faisait partie de l’ensemble des colonies du gouvernement général de l’Afrique équatoriale française (A.e.f), avec l’Oubangui-Chari, actuel Centrafrique, et le Tchad, et dont le chef-lieu fut Brazzaville. Comme l’affirmait encore tout récemment le professeur Joachim Emmanuel Goma Théthé, à l’émission télévisée, «Brin d’histoire», du 27 juillet 2022, «Brazzaville est apparue comme le point de départ de la libération de la France, mais aussi de la libération des autres colonies sous l’emprise française…».

Le 15 août 1960, le Congo accède à l’indépendance

Ces fondamentaux dirais-je s’articulent autour des concepts de l’indépendance, de la souveraineté, de l’indivisibilité, de la démocratie, de l’égalité, et de la laïcité tel que cela avait été repris à l’article premier de la constitution du 2 mars 1961.
En effet, la Constitution du 2 mars 1961 consacre son titre premier à l’Etat et à la souveraineté. Les principaux idéaux des pères fondateurs se résument à son article premier qui énonce les attributs de l’Etat et évoque les symboles de la République indépendante à savoir, entre autres, l’hymne national, la devise, le drapeau, en ajoutant même la langue officielle.
Cette souveraineté s’étend sur l’ensemble du territoire national délimité par des frontières internationalement reconnues et héritées de la colonisation. La construction de l’Etat, sa consolidation au sens plus large, son ancrage dans nos mœurs par la culture d’un patriotisme civilisé et émancipé, sont l’œuvre de nos différents Chefs d’Etat et des gouvernements successifs depuis 62 ans et le Président Denis Sassou-Nguesso s’attelle, chaque jour qui passe, à rendre aux Congolais ce que nous avons de plus précieux parmi tant d’autres valeurs humaines: la dignité et la fierté d’être Congolais, puisque nous le disons très haut et davantage plus haut à travers notre hymne national.
L’honnêteté intellectuelle nous amène à revisiter les grands moments qui ont caractérisé la marche progressive de notre pays vers l’indépendance, sans trop repartir dans les souvenirs trop anciens plusieurs siècles en arrière. Ainsi, déjà en 1910, Pointe-Noire devient la capitale du Moyen-Congo, tandis que Brazzaville est la capitale de l’Afrique Equatoriale Française. Le 13 juillet 1914, est signé le décret autorisant la construction du chemin de fer et de ses deux ports Brazzaville sur le fleuve et Pointe-Noire sur la mer.
En 1921, est donné le premier coup de pioche des travaux de construction du chemin de fer et de ses ports par le gouverneur général Victor Augagneur. Quelques années plus tard, le bureau régional pour l’Afrique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’installe à Brazzaville en 1952. Comment sommes-nous arrivés à l’indépendance?
De bonnes sources, la principale cause qui va déclencher la marche progressive vers l’indépendance, est l’organisation des premières élections municipales qui ont lieu en 1956. L’abbé Fulbert Youlou est élu maire de Brazzaville, et Stéphane Tchitchellé, maire de Pointe-Noire. L’idée de l’indépendance fait son chemin, notamment grâce à l’influence du Matsouanisme sur les milieux politiques du Pool (tout simplement parce que l’abbé Fulbert Youlou revendique l’héritage d’André Matsoua).
En novembre 1958, à la suite de la loi cadre de Gaston Defferre de 1956, le territoire du Moyen-Congo devient la République du Congo dotée de l’autonomie, mais non de l’indépendance dont les principaux pères fondateurs furent l’abbé Fulbert Youlou, Jacques Opangault et Jean-Félix Tchicaya. Le Congo se prononce pour l’entrée dans la communauté et l’assemblée nouvellement élue transfère la capitale politique de Pointe-Noire à Brazzaville. En 1959, des violences éclatent dans le pays.
Le 15 août 1960, le Congo accède à l’indépendance, comme la plupart des pays colonisés d’Afrique noire, sous domination française en Afrique. Avant de devenir une République autonome, elle avait acquis, en 1946, le statut de territoire d’Outre-mer. L’abbé Fulbert Youlou, ancien Premier ministre de la République autonome, fut élu Président de la République, au moment de l’indépendance.
L’indépendance acquise, la souveraineté admise, il fallait consolider les bases de l’unité nationale mises à mal au lendemain de la proclamation de la République à l’issue de la guerre civile déclenchée le 16 février 1959. Pour reconstruire cette unité nationale qui sera le socle même de notre indépendance et de la souveraineté de notre Etat, les deux principaux protagonistes de cette crise sanglante, Messieurs Fulbert Youlou et Jacques Opangault, décidèrent de transcender leurs divergences et d’entreprendre des tournées à travers tout le pays pour prêcher la paix.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le message à la Nation de Jacques Opangault qui, le 10 juillet 1960, déclarait je cite: «En dehors des luttes idéologiques, en dehors de notre opposition démocratique… nous avons tous, nous Congolais, des objectifs supérieurs, des devoirs communs impérieux. En face des grandes tâches nationales, nous n’avons qu’un seul drapeau, qu’une seule devise, qu’un seul but: le Congo», fin de citation.
Vraisemblablement, s’inspirant des idées fortes des pères fondateurs, le Président Denis Sassou-Nguesso, l’un des témoins de l’histoire moderne du Congo post-indépendant, parce que faisant déjà partie des officiers progressistes, a fait de l’unité nationale et de la paix, son credo de gouvernance institutionnelle au même titre que la consolidation du caractère unitaire et indivisible de l’Etat, par le maillage du territoire national en infrastructures routières qui permettent, aujourd’hui, de relier l’ensemble du pays, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, mettant en évidence le principe de la libre circulation des personnes et des biens dans notre pays.

Le travail donne l’indépendance véritable

Les pères fondateurs de l’indépendance ont tellement cru à l’unité nationale qu’ils l’ont mise en relief dans les différents symboles de la République à savoir: l’hymne national, «La Congolaise», et la devise «Unité-Travail-Progrès».
Oui c’est par le travail, alors le travail bien fait, qu’un pays peut réaliser son développement social, économique et acquérir son indépendance véritable. Le choix du drapeau comme symbole de notre Etat n’est pas non plus le fait du hasard. Il est représenté par une bannière aux couleurs vert, jaune et rouge. Le vert symbolise la paix et rappelle les vastes étendues forestières de la végétation congolaise intégrées dans le bassin du Congo, par ailleurs, deuxième poumon écologique de la planète après l’Amazonie.
C’est aussi le symbole de notre espérance dans l’avenir économique et social. Le jaune est l’expression de notre volonté d’union et de notre sens d’hospitalité légendaire, et le rouge enfin, exprime le courage et l’ardeur du peuple congolais à se lever par le goût de l’effort et de l’effort persévérant.

Jean-Luc
MABIALA TCHIBINDA
Directeur de Cabinet du Préfet de la Cuvette

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